Il est 14h30… Une petite maison d’allure cubique située à l’angle de la rue des Quatre Vents et de la rue Jean Macé à Niort. Un portail noir ouvrant sur de hauts murs traversés par une grande baie vitrée… Nous ne sonnons pas et pour cause, le rendez-vous a été pris avec la consigne explicite de ne pas perturber la sieste du petit. Derrière la baie vitrée, Ingrid nous observe, une tasse de café dans une main et une cigarette dans l’autre.
« Bonjour, vous êtes les élèves de Jean Macé pour l’interview ? » Impossible de ne pas jeter un œil sur la jolie cabane en bois et les jouets éparpillés dans le petit jardin. Nous longeons la table basse de la terrasse sur laquelle trône un pot de fleurs en terre cuite rempli de mégots. Une fois installés autour de la grande table de la salle à manger, nous remarquons l’ordinateur allumé et des liasses de papiers épars qui contrastent avec la géométrie générale de la maison. Ce contraste, on le lit aussi sur le visage d’Ingrid entre son regard déterminé et ses cheveux légèrement ébouriffés.
Maman, infirmière libérale et pilote automobile, Ingrid semble avoir trois vies et l’énergie pour relever tous les défis. Sur la table, des badges, des bracelets et toute une documentation sur le « Cap Femina ». « Ça fait depuis janvier 2018 qu’on est sur ce projet et compte tenu de son coût financier, avec Julie Sibieude – ma coéquipière et amie – on a monté une association pour pouvoir partir ». Pour leur rallye dans le désert marocain, 100% féminin, Ingrid et Julie ont besoin de rassembler 15000€. Voilà pourquoi Ingrid consacre ses deux jours de congé à rechercher des mécènes et des sponsors. Cette passion pour le sport automobile lui a été transmise par son père, décédé il y a quelques années.
Elle l’accompagnait sur les circuits et le rallye est une manière de lui rendre hommage. « 70 % des participantes sont françaises, mais on retrouve aussi des belges et des suisses en grand nombre ». Toutes sont fermement décidées à boucler les douze jours de course en relevant le défi de l’orientation dans les dunes sahariennes. « C’était énorme de pouvoir sortir de son quotidien et là, plus on approche du rallye, plus on est excitées… ». Ingrid a rencontré beaucoup de difficultés durant cette aventure, mais elle ne se laisse pas abattre pour autant. Le budget n’est pas encore bouclé, mais le désir de se dire que « ça y est, on va le faire », est plus fort que tout. « Faut pas trop se poser de questions afin de n’avoir aucun regret ».
Ingrid se retrouve pleinement dans un rallye qui porte haut et fort la place des femmes dans le sport mécanique tout en encourageant les concurrentes à lâcher le volant le temps de repeindre une école au Maroc ou d’acheminer des affaires de puériculture… « L’échéance arrive et là, on commence à mesurer l’ampleur de l’aventure et d’un coup, on va se dire “mince, on part” ».
Melissa, Justine B.
UNE COURSE DE MEUFS
Le « Cap Fémina » est un « rallye solidaire 100% féminin » parcourant trois pays différents : la France, l’Espagne et le Maroc. Ce rallye est basé sur la solidarité : une première action consiste à acheminer des affaires de puériculture de la France au Maroc et une deuxième vise à remettre en état les systèmes d’irrigations dévastés à cause de nombreuses tempêtes de sable. Des balises sont à trouver tous les jours et dans toutes les villes traversées. Basé sur l’orientation, les 70 équipages n’ont qu’une boussole et un road-book pour entamer l’aventure !
