Durant leurs vacances,un grand nombre d’étudiants se plongent dans le monde du travail et obtiennent leur premier salaire.
Comme chaque année, les moins de 18 ans sont à l’affût des « petits jobs ». Certains, pour ne pas dire beaucoup, partent faire des travaux agricoles, faciles à trouver dans la région, tels que le castrage de maïs : « c’est franchement compliqué de trouver du taf, à part les maïs personne ne veut nous prendre » nous confie un groupe de jeunes lycéennes de 17 ans. « Tout passe par le bouche-à-oreille » affirme Mélissa, le castrage de maïs n’est pourtant pas une tâche facile demandant « qualité, rapidité, et efficacité du travail, mais qui a pour fin une paye cohérente, environ 150e par semaine variable au vu du travail fourni ».
Elle ajoute que « ce job nous demande de grandir et de mûrir ». Son salaire Mélissa l’économise, difficilement gagné sous le soleil et les arroseurs, elle souhaite payer ses études, « c’est toujours ça de pris ». Un autre étudiant de 15 ans, Eloi, lui, a eu plus de chance : « j’ai le bras long…, un appel à droite, un à gauche, un coup de piston et je me retrouve à Macdo pour cuire les steaks ». Contrairement à d’autres, il n’a pas eu la nécessité de faire une lettre de motivation ni d’envoyer de CV. Sans trop de peine pour trouver son job d’été, il a empoché 70% du SMIC pour les 3 semaines de juillet. D’autres jeunes tels que Margot, 16 ans, originaire de Magné dans le Marais Poitevin, se lassent des castrages de maïs. Elle a postulé pour devenir batelière dans le marais, en été avec l’arrivée des touristes c’est un boulot par lequel passe beaucoup de jeunes. « Pigouilleur, pigoulleuse » [de « pigouille » : long morceau de bois qui permet de déplacer l’embarcation] demande bien plus de compétences : en plus de présenter son CV et passer un entretien avec sa patronne, Margot doit obtenir le PCS1, le brevet d’aptitudes aux premiers secours. En plus les jeunes doivent suivre des cours d’histoire sur le marais poitevin pour pouvoir l’expliquer et la transmettre aux touristes.
Les jeunes du coin sont privilégiés. Un test d’aptitude est réalisé : savoir parler tout en ramant après avoir mémoriser le circuit emprunté. « Ce taf n’est pas accessible à tout le monde, faut être souriant, sociable, accepter de parler aux touristes, être assez sportif pour pouvoir ramer. La paye est super intéressante [environ 80% du SMIC], mais c’est un vrai taf qui demande de l’investissement et de la responsabilité ». Margot travaillera tout le mois de juillet et a réussi à négocier quelques week-ends de septembre, car elle n’est pas disponible tout le long du mois d’août, lors du pic de fréquentation dans le marais. Elle part pour une excursion linguistique. Ce travail lui permet de remplacer l’argent de poche et de payer « ses petits plaisirs » tout en mettant de coté.
À l’ancienne
Un peu plus loin dans la rue, changement de génération avec Brigitte, une retraitée de 68 ans dans la quincaillerie. « Dans le temps on ne se tracassait pas, on regardait les petites annonces dans le journal et on trouvait notre bonheur ». Avec sa première paye elle s’est achetée une voiture, un « objet d’autonomie » lui permettant de se déplacer entre Mongon et Villiers en Plaine pour « faire la chouille » et d’aller travailler à l’usine. Liliane et Pierre, un couple de septuagénaires originaires de Niort, se souviennent : « nous n’avons pas eu le temps de trouver un petit boulot ».
A 14 ans et 16 ans, Pierre reprenaient la ferme familiale aux côtés « du patriarche », Liliane intégrait les usines de coutures rue de la gare. Le « pécule » n’était pas utilisé pour les activités, mais pour « aider la famille ». Autant de profils que de situations différentes. Marjorie, 36 ans, surveille sa fille Lucie, 7 ans au parc de la Brèche. Elle replonge dans ses souvenirs d’étudiante : « à 16 ans, je cueillais le tabac et je gardais des enfants que je connaissais (…) comme ça, je pouvais payer mon essence pour aller à la Fac de droits à Poitiers, payer ma nourriture, essayer de voler de mes propres ailes quoi. J’ai quand même eu la chance d’avoir mes parents derrière moi notamment sur le plan financier. J’espère pouvoir en faire autant pour ma fille ! ». Plus tard, Marjorie est passée par le CRIJ pour trouver un job : fille au pair à Oxford en Angleterre pendant 2 mois. « Je ne recevais pas vraiment de paye, c’était plutôt un échange de bons services. J’étais logée, nourrie, et je gardais les enfants. Un bon deal comme ils disent ».
Mia, lycéenne, ne recherche pas vraiment de job d’été, c’est tout trouvé. « Moi j’ai fait du babysitting pendant les grandes vacances grâce à ma grand-mère qui fait circuler l’info. Les amis des amis finissent par me contacter et le tour est joué ». Elle travaille pendant les vacances, car « les vacances de deux semaines c’est short, je dois bosser, je sors beaucoup j’ai pas forcément le temps ». Les parents ne demandent pas grand-chose, « ça varie d’une famille à l’autre » affirme Mia.
Mia demande 9 euros de l’heure, légèrement plus bas que ce qui est généralement demandé, « j‘ai pas envie d’abuser, mais je veux quand même que se soit rentable ». Mia a besoin d’argent, et, petit à petit, de prendre son autonomie. « J’ai pu m’acheter mes fringues d’été, j’ai un rapport différent avec l’argent maintenant, je pense que j’ai plus conscience de sa valeur. On grandit, on fait la fête, on mûrit, on vise progressivement à l’autonomie et c’est top ».
Julie et Axel
