Les gens préfèrent sauter dix repas plutôt que de se faire voir par leurs voisins en se rendant dans une épicerie associative ». Loïc sait de quoi il parle, lui qui a débarqué à Niort il y’a un an, content de quitter Paris, « moins de stress », avec pour objectif de monter une épicerie collective. Après une année de préparation, Loïc est fier d’avoir mis sa pierre à l’édifice. En juin 2019, Soli ’Niort, l’épicerie coopérative et solidaire, doit ouvrir ses portes avenue de Limoges. Les projets d’épiceries coopératives sont issus des modèles américains, existant depuis 1973, avec le projet « Park Slope Food Coop ».
En France, de nombreuses structures ont vu le jour et plusieurs villes en sont pourvues. À 25 ans Loïc de Boishamon a l’aisance de celui qui a vu autre chose. Il sait mettre à l’aise, « vous voulez boire un thé ? ». Couteau suisse, depuis un an il est à la fois chef de projet, coordinateur, en charge des financements, « c’est une des premières fois que je me retrouve confronté à un projet à monter de A à Z ». Après avoir grandi en Bretagne, il se décide à prendre la direction de Paris pour y faire des études de commerce, « malheureusement, la vie parisienne et les études ne me correspondent pas forcément ». Il fait alors le choix de tout plaquer et de partir découvrir l’Inde.
Durant 6 mois, Loïc s’engage dans l’ONG Navdanya, fondée en 1991 qui a pour but de protéger la biodiversité indienne et défendre « les petits paysans qui se suicident, car ils sont contraints à une agriculture intensive. » À son retour, Loïc a besoin de se retrouver et décide de se tourner vers le monde associatif, mais pas comme bénévole ce coup-ci. « C’est durant un stage au Secours catholique que je découvre un intérêt pour la thématique alimentaire ». À la fin de ce stage, Loïc, déterminé, décide de se lancer dans l’aventure et d’envoyer sa candidature à l’association Niortaise. Choisi pour monter le projet d’épicerie, il s’installe à Niort dans des bureaux mis à disposition par le Secours catholique afin d’être en contact direct avec les autres adhérents.
Aujourd’hui, Loïc et ses collègues organisent très régulièrement des réunions d’information afin de pouvoir mobiliser le plus d’adhérents et de bénévoles possibles. Soli ‘Niort compte actuellement près 90 bénévoles actifs. Pour Loïc, le projet est devenu un combat et il ne cesse de le répéter : « c’est un réel défi pour nous tous ! ». Malgré sa forte implication, Loïc a décidé pour son futur de retourner sur Paris, « ma copine restée là-bas commence à grogner de mon absence ». Il veut aussi finir en beauté son CDD fin août « ce projet est très fatigant et j’ai vraiment besoin de vacances aussi… ». Loïc, tout sourire, dit vouloir continuer dans le domaine associatif et environnemental, « mais plus du côté des précaires que des financiers ».
Morgan, Juliette et Mia
SOLI’NIORT ET SON CONCEPT
Le projet Soli’Niort a débuté le 1er février 2018, c’est le fruit d’une réflexion entre trois acteurs de l’aide alimentaire : le Secours catholique, l’Escale et le CCAS (Centre Communal d’action sociale). Soli’Niort voulait s’inspirer des épiceries du Secours catholique et de l’Escale tout en innovant. Constatant que certaines personnes ont peur de demander une aide alimentaire, l’épicerie ressemblera à un supermarché lambda et les adhésions aux demandes de réduction ne se feront pas sur place. En effet, chaque demandeur doit remplir un dossier d’adhésion afin d’obtenir les réductions proposées : 30%, 50% et 70% en fonction des revenus.
L’épicerie sera ouverte à tous et les prix ne dépasseront jamais ceux en magasin. Elle proposera des produits agricoles locaux, mais aussi des marques connus de tous, comme du Coca… Les bénévoles de Soli’Niort souhaitent aider les acheteurs à consommer des aliments de saison et à limiter le gaspillage. Ils vont aussi créer un espace d’échange où tous les milieux sociaux pourront se côtoyer autour d’activités. Ce projet se concrétise peu à peu, car l’épicerie ouvrira ses portes début juin dans le quartier de Champclairot Champommier.